Présenté hier, le nouveau plan d'action européen contre le cancer ambitionne de réduire le nombre de fumeurs dans l'UE de 20 à 5 pour cent de la population à l'horizon 2040. Mais pour y parvenir, les mesures de prévention proposées seront insuffisantes. Les États européens devront également soutenir des alternatives moins nocives telles que le vapotage. À défaut, ils n'atteindront jamais leurs objectifs et nous continuerons à être confrontés aux mêmes nombres élevés de cancers causés par le tabagisme.

Pour ce qui a trait aux produits du tabac, la Belgique applique déjà une politique préventive très stricte. Ainsi, la plupart des mesures désormais proposées par la Commission dans son plan d'action sont déjà en vigueur dans notre pays. En Belgique, les cigarettes ne peuvent être vendues que dans des emballages neutres, l'ajout de substances aromatisantes est déjà interdit et aucune publicité pour les produits du tabac ne peut être faite nulle part, y compris dans les médias sociaux. Par ailleurs, le gouvernement belge a considérablement relevé les accises au 1er janvier dernier. Pourtant, le nombre de fumeurs ne diminue que très lentement dans notre pays. Selon Sciensano, en 2013, 23 pour cent de la population fumait. En 2018, cette proportion atteignait encore 19,4 pour cent. À ce rythme, nous n'atteindront jamais 5 pour cent pour 2040.

Pour parvenir à réduire rapidement le nombre de fumeurs et donc également le nombre de cancers, l'UE et la Belgique doivent aller bien au-delà de la seule prévention. Elles doivent aussi aider plus efficacement les fumeurs actuels. Pour y parvenir, il faut avant tout étudier quelles sont les alternatives moins nocives que les gouvernements peuvent proposer aux fumeurs d'adopter. Car pour beaucoup, arrêter de fumer est tout bonnement impossible sans aide.

Le vapotage fait partie de ces alternatives moins nocives. C'est entre autres ce que vient de déclarer récemment Public Health England. L'organisation britannique de santé publique indique que selon les études qu'elle a menées, le vapotage est jusqu'à 95 pour cent moins nocif que le tabac. Plusieurs études montrent par ailleurs que la nicotine présente dans certaines cigarettes électroniques, si elle peut effectivement créer une accoutumance, n'est revanche pas nocive en elle-même pour la santé. C'est la raison pour laquelle plusieurs gouvernements comme ceux du Royaume-Uni et de la Nouvelle-Zélande soutiennent activement le vapotage comme méthode d'aide pour arrêter de fumer.

En dépit de l'adhésion de nombreux scientifiques, la plupart des gouvernements traitent injustement la cigarette électronique de la même façon que les produits du tabac traditionnels. Le résultat de ce positionnement est conforme à la logique : plus de la moitié des gens pensent que le vapotage est au moins aussi nocif que le tabagisme pour la santé, ce qui dissuade aussi bon nombre de fumeurs de l'essayer. Voilà donc qui a tout d'une occasion manquée.

Si la Belgique et les autres États membres de l'UE veulent atteindre les objectifs ambitieux que la Commission a fixés en matière de lutte contre le tabagisme, ils doivent accorder une chance équitable au vapotage. Ce qui constituerait une étape importante dans la lutte contre le cancer.

Felix Rijkers, Président de Vapebel